Les objets de mémoire (en Périgord) N° 6
Ils sont au nombre de deux : l’un en papier peint sur armature en écaille ; l’autre en dentelle noire encadrée d’argent. Objets désuets s’il en est, je les ai extirpés d’un tiroir de ma commode, ainsi qu’un grand peigne en écaille, une mini-bourse brodée de perles – pour quel sac ? -. J’ai essayé d’imaginer un bal…Non, pas le style de la famille. Mais alors, tout simplement, accessoire de jour et de visite, tenu par les mains gantées de blanc, que mon aïeule – laquelle ? – agitait ou fermait selon des gestes codés aux yeux des hommes et des femmes de son entourage ? J’ai du mal à imaginer une de mes ancêtres minaudant et cancanant derrière cet évent, intriguant ou manipulant… Des gens simples, je le répète. De petits hobereaux tranquilles dont les seuls déplacements devaient les conduire d’une maison à l’autre de la famille, pour des visites d’amicale affection, et pas seulement de courtoisie.
Le langage des éventails reste donc muet pour l’instant.
Au centre de l’étagère qui les soutient, parce que ce sont de petits objets qui ne peuvent être disposés n’importe où, j’ai déposé un dé en argent, ainsi qu’une lime à ongle, dans le même métal massif. Restes épars de nécessaires de toilette ou de couture.
Il me vient alors à l’esprit ce que me disait ma grand-mère à ce sujet : Il était de tradition que, le soir de ses noces, l’époux offrit à la jeune épousée un coffret de couture, comprenant dé, ciseaux, aiguilles, en or ou en argent, selon la fortune de la famille.
Agnès DESAGES
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