Sur la route…
Notre bourg est vraiment calme.
Alors, faisons un rêve, en remontant le temps :
La rue principale bruisse de maintes conversations. Ici, en Aquitaine, on sait vivre, on prend le temps de parler.
Après avoir laissé à leurs rencontres et bavardages la fontaine et le lavoir, prenons la grand’rue.
A l’angle de la route de Beauvoir, un camion stationne momentanément. Il ne passe pas inaperçu, d’abord parce que rares sont les véhicules dans le bourg dans les années cinquante ; ensuite parce que les locataires en sont les cochons qui grognent, entassés là avant d’être livrés à l’abattoir.
A droite, le boulanger nouveau n’attelle plus sa charrette. Il possède une camionnette toute neuve. Son petit garçon, prénommé Jean-Marie, étend son terrain de jeux jusque dans les maisons voisines.
Une petite fille glane des mégots de cigarette sur la place aux galets roses ; elle pense ainsi les offrir à son papa fumeur, puis s’étonne lorsque les grandes personnes rient de bon coeur devant la nature de son cadeau.
De nouveau, à gauche, se trouve l’irremplaçable point de rencontre : l’épicerie.
Madeleine Fargeas y seconde sa mère avant de prendre la relève.
Du même côté, se succèdent un marchand de primeurs-poissonnier, puis un café qui fait le plein, quelles que soient les circonstances, mariage ou enterrement, ou simplement besoin de se retrouver entre amis et de lever son verre à des jours meilleurs.
Je vais laisser le restaurant à ma droite pour bifurquer vers la route de la tour.
Vestige de la guerre de cent ans ? anglaise ou française ? Personne n’a vraiment envie d’en connaître la vérité historique. On préfère cultiver le mystère en évoquant des souterrains qui s’engouffrent sous la colline avant de déboucher –mais où?– sur la route de Périgueux.
Mais chut, je vous laisse là, car les enfants ont besoin de croire aux contes et légendes…..
Agnès DESAGES
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