Si vous croisez une ribambelle de joyeux drilles, dansante et sautillante, avec pour habits de fête, chemises et bonnets de nuit blancs… que ces joyeux lurons envahissent les rues armés de soufflets et se précipitent sur tout ce qui porte un jupon, vous venez de croiser les Soufflaculs.
C’est à Nontron, petite sous-préfecture de la Dordogne, notre commune voisine, que vous croiserez cette bande de fous furieux. C’est à Nontron que l’histoire se réalise et que ce rituel ancestral et mystérieux se déroule.
Pourtant, tout cela n’est pas sans raison et, si vous croisez ces personnages maquillés de blanc, un soufflet à la main, c’est qu’ils chassent les mauvais esprits qui, comme tout le monde le sait, se cachent sous les jupes des femmes.
Ce carnaval antique, car il est bien question ici d’un joyeux carnaval, remonterait au Moyen Âge.
Les Soufflaculs, en cette année 2015, reviennent sur le devant de la scène, après un redémarrage réussit en 2014.
Tout à l’air désormais de fonctionner de nouveau comme avant, avant trois années difficiles en terme d’organisation. OUF!
Oui, OUF!
Nombre d’entre nous, maintenant plus si jeunes, ont été conduits par leurs parents à ce carnaval de folie, avant d’y mener à leur tour leurs enfants et même, leurs petits enfants… Quoi que l’on dise, nos traditions, on y tient 🙂
Nous reprendrons, pour situer l’histoire des Soufflaculs, une définition écrite par Mr Le Cam, ancien professeur d’histoire au lycée de Nontron… à l’époque ou le regretté René Join en était le directeur.
Histoire des soufflaculs de Nontron en Dordogne d’après Louis Le Cam:
“Cette tradition remonte au Moyen Âge. Elle n’a survécu qu’a Nontron (Dordogne) et a Saint Claude (Jura). Il s’agit vraisemblablement d’une “sotie”, farce satirique au cours de laquelle le peuple s’affublait de masques et déguisements qui lui permettaient, en se défoulant, de brocarder les puissants et les riches, et notamment, les prêtres et les moines.
La Procession avait lieu pendant la période précédant le jeune du carême, au moment ou les ripailles et une certaine licence dans les mœurs étaient autorisées. Vraisemblablement les soufflets étaient destines a exorciser les démons se cachant sous les jupes des femmes de Nontron, les Nontronnaises ayant la réputation d’être légères et peu vertueuses.
Cette tradition serait par la suite tombée en désuétude ; elle aurait été exportée au Mexique par un ordre religieux, et remise en honneur dans le Jura et à Nontron, par les soldats du corps expéditionnaire de retour en France, âpres l’échec de la conquête de 1865.”
Nous avons trouvé une autre thèse, de Mr Thibaud, et nous la citons parce que la vérité est souvent au milieu du chemin:
“Cette tradition serait une parodie irrespectueuse du zèle exorciseur des Pères du couvent de Saint Sauveur. Pour chasser l’Esprit du Mal des recoins ou ils le soupçonnaient de se dissimuler, les “Bons Pères”, vêtus de blanc et munis de soufflets, se suivaient en procession, soufflant énergiquement dans tous les endroits qui leur paraissaient susceptibles d’abriter les démons.
La tradition des soufflets, tout comme le carnaval, avait lieu à l’approche du carême. Durant cette fête (mascarade), le peuple se déguisait de manière à se moquer des riches, des ecclésiastiques et des puissants. Aujourd’hui la mascarade des soufflaculs est l’occasion de moments de folies et de fêtes dans la ville de Nontron. Le port de la jupe est obligatoire pour les femmes par arrêté municipal et les maris cocus (traditionellement) s’affublent de chemises de nuit et de bonnets de coton pour souffler (avec un soufflet) sous les jupes des femmes. Cela donne lieu à moults débordements. Une parade est organisée au son de fanfares dans le village et vous pourrez assister le soir à la remise de la sardine valeureuse et à la crémation du soufflacul en chef : Buffadou.”
La parade des souffalculs a lieu aujourd’hui le premier week-end après Pâques et attirent de nombreux curieux.
Pour plus d’informations, rendez vous sur la page des Soufflaculs de Nontron : Les Soufflaculs
“Ce carnaval mêle des éléments de carnaval classique avec son défilé, la déambulation des personnages et de l’effigie de Bufador (le souffleur en occitan) qui sera ensuite jugé et brûlé sur la place du foirail. Ce Bufador s’appelait « Petaçon » (Pétassou), comme ailleurs en Périgord, jusque dans les années 1990. Parmi les personnages récurrents on trouve : un faux curé ; des faux mariés ; des vieilles ; la Vieille Barreta (la vieille bouchée, personnage mythique représenté dans la chanson
des Soufflaculs et par une sculpture géante sur l’une des places de la ville) ; des travestis ; des fous (voir plus loin) ; le roi fainéant sur son char appelé Dagobert 1 er ; deux gendarmes encadrant Bufador et le guidant jusqu’à son jugement ; l’avocat ; le procureur ; de faux pompiers ; un soufflet–char qui souffle des confettis ; des bébés ; des moines ; des bandas ; des fanfares…
Sur cette trame se greffe le rituel des Soufflaculs, habillés – comme dans d’autres régions – en blanc (bonnet blanc, chemise et caleçons), le visage blanchi par de la farine ou du maquillage. Ils portent chacun un soufflet. Un personnage en frac et chapeau haut de forme (depuis le début du XXème siècle), en noir, guide le rituel et le devance avec un sifflet. L’évolution des Soufflaculs s’exécute en huit mouvements : 1) s’accroupir 2) souffler au cul de celui qui précède 3) se relever 4) se retourner en faisant tourner le soufflet au niveau du visage 5) s’accroupir 6) souffler au cul de celui qui suit 7) se relever 8) reprendre la marche.
Dès qu’ils le peuvent, les Soufflaculs s’échappent du cortège et vont souffler sous les jupes des femmes. Bufador passe son temps à s’échapper des mains des gendarmes pour embrasser toutes les femmes. Le chant de ralliement est répété à plusieurs endroits : « nous sommes tous enfants de la même famille, notre père était fabricant de soufflet, etc (voir documentation écrite).
Le samedi en fin de journée, les Fous, qui existent depuis peu (à partir de 2000 environ), avec des masques à grand nez pointu, rouges, et vêtus de blanc comme les Soufflaculs, une religieuse, des moines, se promènent dans la ville et commettent des farces ; ils s’introduisent chez les habitants et se font servir à boire. Ils tiennent une grande échelle qu’ils utilisent pour monter aux fenêtres et utilisent un système de montée et de descente du vin avec une perche. Cette confrérie informelle des Fous a parfois maille à partir avec les pouvoirs publics du fait de leurs interventions burlesques qui ne sont pas forcément comprises. Le samedi soir, à la salle des fêtes, un grand banquet est organisé, avec un orchestre (chansons françaises, anglo-saxonnes) et des jeux collectifs, l’élection de miss
Soufflacul, un bal. Le menu est carnavalesque et la cuisine est préparée et servie par les membres et les sympathisants des Soufflaculs.
Le lendemain, tout le monde se réunit à la salle des fêtes à 14 heures : le cortège et tous les participants s’ébranlent et déambulent dans les rues principales avec des arrêts sur les places pour une présentation du rituel et des personnages du thème choisi. Sur la place de la mairie, les Soufflaculs s’installent sur les marches devant le public et a lieu l’intronisation des élus comme membres de la Confrérie de la Sardine Valeureuse (une série de sardines séchées et puantes qui sont
suspendues sur un cercle décoré). Puis, la dernière étape : le jugement et la crémation de Bufador.
Une chanson , sur l’air d’une buffatière répandue dans le sud de la France, raconte les démêlés d’un Soufflacul avec la Vieille Barreta.
Eléments matériels constitutifs de la pratique :
Chars du roi du carnaval et de Buffador ; bandas et fanfares, Soufflaculs, chars divers (les pompiers, un soufflet géant qui crache des confettis, masques, banquet salle des fêtes, bûcher, estrade…”
Historique général :
” Carnaval ancien des types de fêtes du sud (Languedoc, Périgord, Provence, Catalogne), la musique des Soufflaculs est la même que celle du tio-tio de Catalogne, connue aussi à Pézenas. Ce rituel existe déjà au Moyen Age. Perpétué dans la mémoire nontronaise depuis le XIXème siècle. Il a subi une première interruption dans les années cinquante, a été repris en 1969, puis de manière définitive depuis 1979. Evolution stable, avec le choix d’un thème ces dernières années. Les Soufflaculs du carnaval de Nontron sont l’un des éléments de l’ensemble rituel de Carnaval, s’inscrivant dans la longue tradition européenne identifiée au moins depuis le Moyen-Âge, attestée en Périgord sous diverses formes dès le XIVème siècle.
La forme particulière dite des soufflaculs qu’il prend ici, appartient à un ensemble de pratiques autrefois répandues avant 1945 dans 16 départements du territoire métropolitain, présentant une grande densité dans l’extrême sud de la France languedocien et provençal, (cartographié par Van Gennep) ; pratiques résiduelles aujourd’hui dans une trentaine de villages de villages de l’Hérault.
La documentation écrite est rare pour le XIXe s. Elle permet toutefois de constater que carnaval et Soufflaculs sont déjà très anciens à Nontron en 1850. Elle souligne par ailleurs une certaine variabilité de la densité de la pratique collective .”….
Et n’oubliez pas: En aôut, la sardinade et à Pâques, la grande cavalcade des soufflets!!!
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