”Dans la vallée du Bandiat, on forgeait les canons de Louis XV”, me disait mon grand-père.
Et, lorsque j’avais quinze ans, ma grand-mère tenait à me montrer une forge en ruine, près de Javerlhac : c’était Forge Neuve, aujourd’hui très bien restaurée.
Il était temps que je complète mon savoir ; et, avec un guide fort sympathique et très érudit – on se demande quelle est sa spécialité : Histoire ? géologie ? – j’ai suivi un groupe de visiteurs.
Dans un triangle Angoulême – Périgueux – Limoges, on comptait, au XVIII ème siècle, 160 forges et 60 hauts-fourneaux. Cela s’explique par la nature du sol, très riche en fer, d’une teneur supérieure à celui de Lorraine. Mais il fallait brûler 100 hectares de bois par an et par haut-fourneau !. C’est donc par manque de charbon de bois que les ”Petrocores” rendirent les armes devant les Lorrains !
Cependant, ce siècle-là fut l’âge d’or des Maîtres de forge. L’importance de leurs propriétés signe celle d’une aristocratie de l’industrie canonnière.
Forge Neuve appartint au marquis Marc-René de Montalembert, membre de l’Académie des Sciences en 1747. Il naquit à Angoulême en 1714. Il possédait le moulin de Ruelle, sur la Touvre, qui devint une forge. Mais c’est à Forge Neuve qu’il choisit de faire ses expériences. Puisqu’on y fabriquait des canons de marine, la forge était donc royale, et le maître d’oeuvre considéré comme militaire. Une commande de 800 pièces le poussa à acheter d’autres forges, une douzaine au total. Il fallait 48 heures pour produire un canon. On a coulé ici de petites pièces, comme les canons de l’Hermione.
Dans les forges alentour, on fabriquait aussi des plaques de cheminée, des poêles à frire, ou des cocottes en fonte. Mais ce sont bien les pièces d’artillerie qui allaient jusqu’à Rochefort où les bateaux arboraient des voiles en chanvre, plus solides et plus légères que celles en coton qui absorbaient l’humidité.
Le carbone est un élément essentiel dans la fabrication des alliages : avec un pourcentage de 0,7 pour cent pour la fonte, et 0,4 pour l’acier. Ici naturellement, on avait tout : le fer, le calcaire pour adoucir, la force hydraulique.
La visite de la forge se complète par une maquette, des cartes, et une projection video qui explique bien le fonctionnement des soufflets.
Le point final de cette histoire se situe à Etouars.
On passe d’abord entre la maison du maître et son étang, ainsi que le ruisseau La Doue, affluent du Bandiat, avant de monter jusqu’à la place de la mairie où ont été aménagés un bas-fourneau et un haut-fourneau pour des démonstrations de coulage de fonte.
Un petit bâtiment, nommé ”salle des forges”, abrite une collection de minerais de fer….ainsi qu’une météorite d’Argentine.
De nombreuses photos et une animation de forge miniature finissent de nous instruire.
Maintenant, c’est à Bussière que je veux poursuivre.
Mis à part le rendez-vous annuel des potiers, ce n’est plus pour moi une destination de rencontre depuis que sont décédées les cousines de ma grand-mère, les demoiselles Laforge, qui habitaient au Pouex.
Mon aïeule les aimait beaucoup, et ces retrouvailles familiales, avec aussi un de leurs neveux, Jacques Chardonnet, leur héritier, comptaient parmi les plus fréquentes.
Mes enfants aussi en gardent un souvenir précis qui les avait marqués : Petits, ils avaient dû faire la sieste dans un lit à baldaquin. Cela les avait beaucoup impressionnés.
Bien que le nom fasse allusion à la destination précédente, Saint-Barthélémy-de-Bussière n’en est pas proche.
C’est à partir de Pluviers que l’on prend une petite route sauvage, dans les bois et en longeant deux étangs, avant de grimper jusqu’à la place de l’église. Cette situation, avec toutefois un point de vue grandiose, me fait penser à celle du Bourdeix, comme sœur jumelle.
L’église étant ouverte, je m’avance entre les murs qui dévoilent des traces de fresques : Motif végétal alternant avec les fleurs de lys, pour l’un ; un blason à l’écu présenté par deux lions, pour l’autre. L’autel est coloré, avec une dominante de bleu. Trois tableaux le caractérisent. La toile centrale m’attire : Cette crucifixion a un caractère intime et exprime fortement la souffrance. En effet, le Christ a bien les bras tendus, mais pas rigides ; on sent le tiraillement du corps dans les coudes et jusqu’aux épaules ; les vertèbres saillent sous la poitrine. Au pied de la croix, la plus éplorée est sans doute Marie-Madeleine ; à gauche, plus digne, la mère de Jésus ; à droite, un peu à l’écart, sans doute Jean, son frère. Il s’agirait presque d’un drame familial si la portée n’en était pas devenue universelle.
Un coup d’oeil à ”l’auberge du presbytère” installée dans le bâtiment du même nom, et je repars à Piègut.
La dernière félibrée eut lieu ici, mais attira moins de monde qu’auparavant. Il est grand temps qu’une autre localité enchante notre ” pays” par cette tradition et la magie des lieux qui s’opère alors.
Allons jeter un coup d’oeil à la tour.
L’indication est bien modeste car, au pied de l’oppidum gallo-romain, on est vite dominé par une tour de 23 mètres, mais, en se glissant sous les ombrages, à droite, on découvre en fait qu’il y a trois tours, même si les deux autres ne sont pas entières. Reliées par un mur, elles signifient qu’il y eut ici une forteresse. Cette dernière fut assiégée en 1199 par les troupes de Richard Coeur de Lion. Le granit ajoute à ces vestiges une impression de force inébranlable, d’autant plus que certains amas rocheux forment un soubassement naturel.
Je quitte ce gros bourg par un dicton-ou le début d’une chanson- ? Que me disait ma grand-mère : ”Qui n’a pas vu Piégut n’a pas vu de marché”. Au XIX ème siècle, c’était le plus important de la région. Aujourd’hui encore, le mercredi, il attire les amateurs et les curieux.
Agnès DESAGES
#Perigord #saintmartialdevalette
Saint-Martial de ValetteRechercher dans Google qui référence le site de Saint-Martial... et des millions d'autres: