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Les objets de mémoire – lettre 2

Agnès Desages, habitante de Saint-Martial de Valette, nous livre des souvenirs de son enfance à travers ses lettres… Elle prépare également un livre mais c’est une autre hitoire… Nous en reparlerons.


Lettre N° 2

Musée

Avant que mon musée ne devienne ce qu’il est, c’était l’écurie. De ma vie, je n’y ai vu aucun cheval. Mais pourtant, je soupçonne certains équidés d’y avoir vécu, destinés qu’ils étaient à tirer la voiture de leur maître. Pour preuve, j’y ai trouvé une paire d’étriers et une lampe de fiacre. Pour l’heure, chacun de ces attributs flanque la porte d’entrée, dûment accroché au mur.

Je n’ai connu ce bâtiment que relégué au rang de remise : Des instruments agraires, une brouette en bois et roue en fer ; rien ne m’intéressait vraiment dans ce lieu. Une échelle de meunier permettait d’atteindre le grenier. Or, c’est à cet endroit, quand j’en pris possession et jetai le foin qui jonchait le sol, que je découvris quelques richesses : Deux ou trois rescapés des œuvres complètes de Molière et de Racine, édités avec « l’autorisation du Roy », vestiges de la richesse passée de la bibliothèque de mes ancêtres – cinq mille volumes, tous reliés en cuir, précisait ma grand-mère, tu aurais bien aimé – du temps où ils habitaient la commune de Vieux-Mareuil, la maison des Chambarrières, aujourd’hui débaptisée «  la Charrue » par les Anglais qui y ont aménagé des chambres d’hôtes.

Et puis, une reproduction d’une partie de l’Odyssée, sur une toile qui s’effrite, raturée, maintes fois dédicacée.

Un calendrier 1900, intitulé « calendrier d’Alphonse Daudet », composé de poèmes pour chaque mois de l’année.

Et surtout, des liasses de journaux, dont je ne sais s’ils ont appartenu à mes ancêtres ou à leurs locataires lorsque les premiers possédaient cette maison, ainsi que trois autres dans le bourg de Saint-Martial, mais vivaient aux Chambarrières.

Alors, j’ai porté ces brassées de journaux dans la cuisine, les ai époussetés, feuille par feuille, classés, en ai lu quelques-uns : « La Famille » avec tous les numéros, de l’année 1895-1896, quelques « Veillées des chaumières » ; « L’ouvrier », édition intégrale de 1838-1839 ; des « Pèlerins » dont les couvertures en couleurs signent la modernité : ainsi on y voit Lyautey devant des burnous baissés jusqu’à terre ; des romans bon marché à 95 centimes, un franc cinquante, où toute une littérature de chez Fayard, Flammarion ou Calman-Levy ne serait pas reniée aujourd’hui : « Le lac noir » d’Henry Bordeaux, « Madame André » de Jean Richepin, « Pêcheur d’Islande » de Pierre Loti, » La lumière qui s’éteint » de Rudyard Kipling…. et bien d’autres.

Et puis, la découverte du jamais dit bien dissimulé et qui a dû passer entre tant de mains à une certaine époque : « La vie du Maréchal Pétain racontée aux enfants de France », bande dessinée qui devait se graver dans les chères petites têtes blondes avant qu’elles ne chantent en choeur ; « Maréchal, nous voilà »

Histoire, histoire, quand tu nous tiens….

Agnès DESAGES

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