Lettre N° 5
Un coffre, bas, de petite dimension, en chêne, un rien vermoulu.
Un jour, alors qu ‘elle passait, pour affaires, chez une paysanne, et faisait mine de s’intéresser à elle, ma grand-mère suivit cette personne jusque dans sa basse-cour. Et, alors qu’elle la complimentait sur sa volaille, elle vit dans un coin du poulailler – décidément recel de trésors – des poules caquetant et lâchant leur fiente sur un coffre déjà tout crotté.
En bonne acheteuse, elle ne montra pas son émotion mais décida qu’elle obtiendrait ce meuble.
Peu importe l’argument qu ‘elle présenta ; ce jour-là, elle emporta dans sa voiture, pour un billet de cinquante francs….. un coffre typiquement périgourdin, à pointe de diamant faite de petites boules de bois – il en manque cependant cinq à droite de la serrure – authentique coffre périgourdin du XVII ième siècle.
Les timbales de baptême.
La tradition, pour cet événement, voulait que l’on offrit toujours une timbale en argent au nouveau-né, si possible en métal de qualité, gravé du prénom de l’enfant et de sa date de baptême.
Peut-être plus que les chaînes et les médailles en or, bijoux du premier âge, les timbales passent le temps, visibles dans une vitrine et parfois réutilisées.
Après avoir été délaissées par les parents de ma génération qui ont connu pour leurs tout-petits des verres en plastique au bord arrondi, beaucoup plus doux au lèvres, et munis de deux anses que leurs petites mains apprenaient à saisir, les timbales de baptême on refait surface à l’adolescence, devenant pots à crayons et stylos, sur une table ” d’architecte ” encombrée de livres et feuilles de copies.
Puis, à l’âge adulte, elles gagnent leur place définitive dans une vitrine, jouxtant d’autres objets en argent ou en cristal, pour le scintillement qu’elles offrent, derniers feux d’une tradition qui commence à se perdre.
Agnès DESAGES
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