Les dangers du partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement (TTIP) selon l’inter profession bovine Française:
- L’emploi dans la filière viande bovine française, 1 er producteur de viande bovine en Europe
“La filière viande bovine française représente, en 2015, 259 800 emplois, répartis au sein des maillons élevage (138 000), mise en marché (7 100), transformation (29 700) et distribution (85 000).
Au-delà de leur mission principale – nourrir les populations – ces professionnels contribuent pleinement à l’aménagement et au dynamisme des territoires ruraux, induisent de nombreuses activités économiques (tourisme, …) et constituent des acteurs majeurs du rayonnement culturel de la France.
183 000 emplois à temps plein dépendants de l’élevage bovin viande français (Etude « Les emplois liés à l’élevage français », GIS Elevage demain, 2015)
I – « L’avant-TTIP » : des entreprises en sursis, en quête de compétitivité.
1 – Des producteurs de viande bovine français en grandes difficultés.
Les professionnels de la filière viande bovine française sont à bout de souffle, sur le plan économique : les fermetures d’exploitations allaitantes et d’abattoirs se sont multipliées au cours des 5 dernières années, sur le territoire national.
En 2013, le revenu annuel (résultat courant avant exploitation – RCAI) des éleveurs bovin viande oscillait entre 10 000 et 15 000 euros nets annuels et 26,5% de ces exploitations dégageaient un résultat courant avant impôt (RCAI) inférieur à 10 000 €.
2 – Une rentabilité reposant largement sur la commercialisation d’aloyau.
La consommation de viande bovine est radicalement différente, en Europe et aux Etats-Unis : alors que la demande en viande hachée est très importante en Amérique du Nord, la valorisation des pièces nobles (aloyau) sur ce marché y est médiocre. Au contraire, ces pièces sont particulièrement bien valorisées en Europe, principalement sur le marché français : ce sont donc, de loin, les plus « rentables » pour les producteurs hexagonaux.
Néanmoins, le marché de l’aloyau allaitant européen est particulièrement restreint : il n’est estimé, selon l’Institut de l’Elevage (sources Eurostat), qu’à 400 000 tonnes.
3 – Des exportations américaines actuelles vers l’UE ciblant directement ce marché de l’aloyau.
Cette différence en matière d’habitudes de consommation de viande bovine d’un côté et de l’autre de l’océan Atlantique a naturellement incité les producteurs américains à exporter leurs aloyaux vers l’Union européenne.
A ce jour, les importations de viande bovine provenant des Etats-Unis – dans le cadre, notamment, des contingents Hilton et Panel Hormones – sont composées à 75% d’aloyau 1 .
Le marché européen – tout particulièrement le marché français – est d’autant plus attractif pour les américains que leurs modes de production leur confèrent un avantage compétitif majeur, vis-à-vis des producteurs français.
Les raisons de ce véritable fossé de compétitivité existant entre aloyau européen et américain sont d’abord structurelles : alors même que les exploitations bovin viande européennes sont très majoritairement familiales et comportent en moyenne 61 UGB (unités gros bovin) par exploitation, principalement nourries à l’herbe dans le cadre de cycles longs de production, ce sont 2/3 des bovins américains qui sont engraissés de manière industrielle au sein de « feedlots », aux Etats-Unis (cf note jointe « Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement : Vers un nouveau modèle de production de viande bovine en Europe ? »)
II – « L’après-TTIP » selon les estimations réalisées par le secteur : environ 50 000 professionnels de la filière viande bovine française condamnés à arrêter leur
activité, sous le poids de la concurrence américaine.
1 – Le prix américain, bientôt directeur sur le marché européen ?
Si aujourd’hui, les importations de viandes bovines américaines restent limitées – et le prix de cette viande relativement élevé, du fait de cet « effet de rareté » -, une ouverture massive du marché européen de la viande bovine au travers du TTIP (et des futurs accords de libre-échange en cours de négociation avec les autres partenaires américains de l’UE) pourrait très fortement déstabiliser les prix pratiqués sur ce marché.
En effet, selon une estimation réalisée par nos services :
– Au vu du contingent de viande bovine à droits nuls déjà accordé au Canada (65 000 tonnes) et parce que les Etats-Unis produisent 10 fois plus et exportent 25 fois plus de viande bovine vers l’UE, un contingent particulièrement important pourrait leur être dédié, en accord avec l’ouverture de 300 000 tonnes potentiellement cédée aux exportateurs des pays tiers dans le cadre du projet OMC de 2008.
– Alors même que le marché européen de l’aloyau allaitant est estimé à 400 000 tonnes, ce dernier, très largement abondé par les importations américaines, pourrait donc se voir « diriger » par le prix américain. Ce prix a été estimé par nos services, en cas de contingent à droits nuls significatif accordé aux Etats-Unis dans le cadre du TTIP, à 8,60 € /kg de carcasse 2 (prix estimé au stade de gros tel que vendu en Europe). A titre de comparaison, le kg d’aloyau produit et vendu en Europe est aujourd’hui commercialisé à 13,70€/kg.
2 – Une baisse de revenu impossible à amortir pour les producteurs français, impactant l’ensemble de la filière et provoquant une destruction massive d’emplois 3 .
2 Estimation basée sur le prix de gros pratiqué en 2013 aux Etats-Unis (4.40 € / kg de carcasse, source USDA) auquel ont été ajoutés la prime habituelle « sans hormone », les coûts de transport vers l’UE ainsi que la marge grossiste. L’année 2013 a été choisie car c’est un intermédiaire entre les années 2008-2011 (où le prix de l’aloyau vendu en UE s’élevait à 6.5 €) et 2014-2015 où les prix ont explosé aux USA en raison d’un manque conjoncturel de disponibilités.
3 Estimation réalisée selon une approche contrefactuelle évaluant les conséquences qu’aurait eu la signature du TTIP et du CETA en 2009 sur les revenus des exploitations spécialisées bovin viande au cours des 5 dernières années.
Selon cette même estimation, un tel choc de prix sur le marché européen de l’aloyau entraînerait une baisse de 9,60 % du prix du jeune bovin payé au producteur français, soit de 30 à 60% du résultat courant des exploitations spécialisées bovin viande.
Au vu du niveau de revenus actuel des exploitations (plus de 25% des exploitations d’élevage spécialisées bovin viande disposant d’un RCAI inférieur à 10 000 €), ce sont ainsi 25 000 à 30 000 emplois directs à temps plein d’éleveurs bovin viande (sur 104 000 emplois similaires à temps pleins, en France) qui seraient mis en grand danger.
Parce que de chacun de ces emplois à temps plein d’éleveurs bovin viande dépendent, selon l’étude « Les emplois liés à l’élevage français » du GIS Elevage demain (Juin 2015), 0,76 emplois à temps plein dits « indirects » (industrie de l’abattage-découpe, boucherie, …), ce sont au total entre 44 000 et 53 000
emplois à temps plein que la filière viande bovine française pourrait perdre face à la concurrence américaine.
Et ce bilan pourrait être beaucoup plus lourd, en tenant compte des emplois induits par l’activité d’élevage (c’est-à-dire générés par les dépenses des ménages des secteurs directs et indirects) et/ou créés par « effet de levier » au sein du secteur, ce qui n’est pas le cas dans cette étude.”
Commentaire de votre serviteur: Il y a VRAIMENT de quoi s’inquiéter…
Sources Interbev
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